Les belles journées d’automnes sont propices aux longues escalades. Avec Sylvain, nous décidons de visiter les hautes falaises du massif de la Chartreuse bien visibles depuis la vallée du Grésivaudan. Les Préalpes sont souvent constituées de roche sédimentaire grise et orangée. L’itinéraire envisagé remonte la rampe grise évidente sur la droite de la falaise du Grand Manti. L’escalade y est haute de 400 mètres dans une ambiance raide.
Ce jour là, la vallée du Grésivaudan est plongée sous une vaste mer de nuage. L’automne est souvent synonyme de mer de nuage lors d’anticyclone. A cette période, le soleil, qui n’est plus au point le plus haut dans le ciel mais plutôt rasant, chauffe d’abord les versants hauts des montagnes donc l’air par conduction. L’air des vallées refroidi par la nuit se trouve donc emprisonné par l’air chaud plus haut en altitude. On parle alors de couche d’inversion de température. Elle est parfois matérialisée par une mer de nuage: le stratus. En gros, il caille en vallée et souvent le soleil est caché par la mer de nuage. Par contre, en montagne, il fait grand beau et chaud!
Nous étions du bon côté pour admirer ce spectacle.
LE TOPO
L1 4c : Une trentaine de mètre. R0 : pitons reliés par une cordelette rouge.
10 mètres au dessus de relais, prendre une large fissure (bloc décollé) légèrement sur la gauche. Rocher bien pourri, bien tester toute les prises. Un camalot 3 permet de protéger ce passage. Finir 10 mètres droit au dessus pour trouver le relais. R1 : 2 piton.
L2 4a : Monter 6-7 mètres au dessus du relais et traverser horizontalement à gauche. Une légère désescalade en rocher très pourri permet d’accéder à une conque. R2: sur friends.
L3 4c puis 4a : Traverser à gauche, passer le sapin mort puis continuer à traverser en oblique gauche dans une dalle sous des surplombs. Quelques pitons et bonne fissure. Continuer ensuite 10 mètres dans une dalle compacte. R3: 2 pitons.
L3
L3
L4 4b : Remonter la rampe sur 50 mètres parfois sur la dalle compacte, parfois collé au dièdre. Quelques pitons + fissures. R4 : 2 pitons.
L4
L5 5b puis 4c : Continuer dans le dièdre, quelques fois herbeux et humides. Bonne fissure + pitons. Quelques mètres avant la fin de la rampe (1 piton) traverser franchement à droite sur 6 mètres pour trouver le pied d’une fissure. Remonter la fissure de 5 mètres. Relais 6 mètres au dessus de la fin de la fissure. Attention au tirage. R5 : 2 pitons.
L6 6b+ A0 : Gravir la fissure évidente au dessus du relais, droite puis gauche. Nombreux pitons. Quelques pitons cachés. Sortir de la fissure par une petite traversée oblique à droite sous un bombé. Relais quelques mètres au dessus légèrement à gauche. R6 : 2 pitons.
L6
L7 6c+ A0 puis 6a : Gravir la courte fissure juste à gauche au dessus du relais, puis la dalle compacte jusqu’au pied du dièdre fin et évident (relais 3 pitons facultatifs). Remonter le dièdre de 15 mètres. Nombreux pitons. Ne pas clipper tous les pitons pour limiter le tirage. Partir en diagonale gauche pour grimper la 2ème fissure (6a, 3 pitons). Sortie délicate sur gradin caillouteux. R7 : 2 pitons.
L7
L8 7b A0 : Remonter quelques mètres une succession de replat pourri jusqu’à sous le surplomb fissuré. Gravir les surplomb (3 pitons), continuer la fissure jusqu’au deuxième petit surplomb (1 chasse d’eau sur piton). Sortie délicate sur un replat caillouteux. Relais dans une conque jaune délitée. R8 : 3 pitons.
L8
L9 5c : Traverser la vire sur la gauche 7-8 mètres. Prendre pied sur la dalle gazeuse et grimper le long du dièdre fissuré en oblique à gauche. Bonne fissure et quelques pitons. Avant la fin de la dalle qui bute sous un pilier raide, partir à droite (1 piton caché dans la fissure). Mouvement mâle commode pour attendre les fissures à droite. Remonter le système de fissure un peu herbeux en restant collé à gauche (quelques pitons). Au niveau du petit arbre, traverser horizontalement 4 mètres à droite sur des petites marches pour trouver le relais caché dans des fissures. R9 : 4 pitons.
L9
L9
L10 6a+: Monter en oblique droite dans du rocher un peu pourri jusqu’au piton visible du relais. Grimper ensuite la dalle compacte qui fait suite en direction de la fissure bien visible. Attaquer la fissure par la droite (1 piton) avant de revenir dedans. Fissure large et profonde. Gros friends. Monter jusqu’au dernier piton (2 pitons dont 1 à moitié enfoncé) puis traverser franchement à droite pour rejoindre le dièdre évident. Remonter le dièdre (quelques pitons) sur 15 mètres jusqu’à une vague conque étroite. R10 : sur friends.
L11 5b : Poursuivre dans le dièdre jusqu’à la vire. Dièdre terreux et blocs enchâssés, bonne fissure, gros friends. R11: 2 goujons de la voie Titanic.
L11
L12 5a : Suivre la vire par la gauche jusqu’à l’arbre. Grimper dessus et prendre pied sur un ressaut à grimper tout droit (2 pitons). Remonter ensuite légèrement à gauche (plaquette avec ficelou) jusqu’à des pentes herbeuses. R12 : sur arbre.
L12
L13 4a : Monter droit dans les pentes herbeuses jusqu’à l’arbre mort. Continuer jusqu’à une première vire étroite et terreuse. Grimper un court ressaut (2 mètres) en rocher très pourri jusqu’à une seconde vire plus confortable. Traverser la vire à droite. R13 : 2 goujons de la voie Titanic ou sur arbre.
L14 5a : Continuer sur la vire à droite jusqu’au pied de la dalle jaune évidente rayée de fissures. Grimper la dalle jaune de gauche à droite (2 pitons visibles depuis le relais). Finir dans le large couloir entre court ressaut rocher et pente herbeuse jusqu’au sommet. R14 : sur arbre.
Sommet du Grand Manti
Dans les zones raides et dures, le rocher est bon et bien compacte. L’escalade est très agréable. Attention dans les longueurs faciles où le rocher est souvent délité et pourri. Tester prise de pied et prise de main est un gage de sécurité. L’escalade nous a occupé 7h00. Un jeu de camalot (coinceur mécanique) est suffisant (du 0.3 au 3) en doublant les grosses tailles (le 1et 2). Les fissures sont très souvent larges. Certaines longueurs louvoient dans la face dans les zones de faiblesse. Il ne faut pas hésiter à rallonger les points pour ne pas avoir trop de tirage. 7 à 8 dégaines rallongeables feront l’affaire avec quelques dégaines classiques. Nous avions un marteau pour retaper les pitons, très nombreux dans la voie. La descente par le passage du Fourneau n’est pas à négliger et peut être longue.
Bonne grimpe!