Jour off. J’en profite pour aller explorer les pentes et couloirs Ouest de la pointe du Dard. Un couloir en particulier m’attire, le couloir nommé Dzet Rodze. C’est un long couloir encaissé et sauvage qui serpente entre les arêtes acérées de la face Ouest du Dard. Une ambiance extraordinaire règne ici. L’objectif est de skier le couloir sans reconnaître les conditions au préalable. C’est l’aventure. L’itinéraire est délicat. Ensuite, il faut remonter depuis Bénétant jusqu’aux anciennes ardoisières et enfin au col de la Bathie. Le couloir est long de 1000 mètres. 800 mètres à 40° avec des passages à 45°. A cette époque de l’année, la neige risque d’y être dure avec les successifs gel dégel. Je prends de quoi installer des rappels car le bas du couloir semble complexe.
Je pars du Chornais au dessus du Planay pour une première longue montée jusqu’à la bosse côté 2468m entre la pointe du Dard et celle des Mines.
Je longe ensuite l’arête vertigineuse pour trouver la côte 2451. Enfin, je visualise la première pente Sud qui plonge dans la face. Ça ne va pas être de tout repos, la neige semble très dure. Je remonte mes chaussettes et attaque les premiers virages.
Le couloir tourne ensuite à droite et se rétrécit. La neige est très dure et le centre du couloir est goulotté par les purges naturelles successives. Ce n’est pas du grand ski. Ce n’est pas très raide mais l’erreur est impardonnable, le toboggan naturel se déverse plus bas sur des grandes barres rocheuses. Il faut être concentré.
Les contres pentes meilleures à skier
Le couloir tourne ensuite à gauche et se sépare en plusieurs branche. je me tiens le plus à gauche possible. La neige commence à se faire rare. Les Chamois m’observent depuis leurs promontoires. Je continue la descente en essayant de chercher du regard la meilleure alternative pour la suite. Mais je dois me rendre à l’évidence, je ne sortirais pas en bas, il n’y a plus assez de neige. Les ressauts suivants sont barrés par des barres rocheuse. Je n’envisage même pas de finir en rappel, trop long. Je chausse donc mes crampons, 800 mètres à remonter.
La remontée est rapide car la neige porte bien. J’observe les jeunes chamois s’amuser dans ce terrain. Je décide de ne pas remonter la dernière pente Sud mais de filer droit pour sortir à un petit col. Je rechausse les skis pour descendre côté Dard en face Est. Je remets les peaux pour une courte remontée et enfin retrouver la descente classique sur le Planay. L’aventure est finie.