La montagne d’Outray présente plusieurs sommets sur une ligne Nord/Sud. La croix, qui se trouve sur le sommet central, n’est pas tout a fait le point culminant de la montagne. Par contre, l’accès au sommet y est le plus alpin. Il faudra, soit traverser les arêtes Nord et Sud effilées et aériennes, soit remonter un couloir raide et étroit en versant Sud Ouest. C’est cette dernière option que nous choisissons pour gravir le sommet.
Nous chaussons les skis aux Roches Noires. A cette époque, l’enneigement n’est plus suffisant pour envisager un départ plus bas en altitude. Assez rapidement, nous arrivons à la Journée. La montagne se découvre enfin, l’ambiance est hivernale grâce aux petites chutes de neige de la veille. Nous sortons de la forêt et la croupe des Nazeaux est devant nous.
Les Nazeaux est une succession de bosses qu’il faut négocier intelligemment. Parfois, prendre des distances de sécurité est nécessaire.
La traversée en direction d’En Combe pour aller chercher la cuvette Sud peut-être aussi délicate. C’est la partie clé de l’ascension si les conditions de la neige sont complexes. Nous sortons nos poignées d’Avabag et augmentons la distance entre nous.
La matinée est fraîche et la neige semble vouloir rester bien froide. Nous espérons qu’elle ne chauffe pas trop pendant notre montée finale à la croix.
Une fois au pied du couloir Sud Ouest, nous chaussons les crampons et attrapons chacun un piolet pour l’ascension finale. Nos skis resterons ici.
Le couloir se raidit franchement sur la fin. Le câble en place est prit dans la glace. Nos crampons raclent les cailloux sous la pellicule de neige fraîchement tombée. La progression n’est pas très aisée mais l’ambiance est magique. Nous sortons sur l’arête finale et les derniers mètres sous la croix sont très aériens. Les pentes sous nos crampons plongent dans l’inconnu.
La croix d’Outray est immense. Elle doit mesurer 4 à 5 mètres de haut. La vue est époustouflante. Le contraste entre le massif du Beaufortain nouvellement enneigé et le massif des Bauges dégarni de sa parure hivernale est saisissant. C’est une incursion de l’hiver dans le printemps, ou bien du printemps dans l’hiver. Pour nous, c’est une ambiance clairement hivernale qui règne ici. Le froid saisissant nous rappelle qu’il est temps de reprendre notre chemin vers le bas. Dernier coup d’œil autour de nous puis nous amorçons la descente. Concentré, c’est le mot d’ordre de la désescalade du couloir. Avec précision et pas après pas, nous revenons à nos skis.
Les peaux décollées de nos skis, nous nous apprêtons à descendre pour rejoindre le printemps de la vallée. Nous apprécions une dernière fois la solitude du moment et mesurons la chance d’être ici.
La neige est pile comme nous l’espérions, fumante!
Bravo Aurélia pour le sommet et merci pour l’humeur joyeuse de la journée 🙂