Il nous aura fallu 4h00 depuis les Lanchettes via le col de la Seigne pour rejoindre le bivouac Adolfo Hess perché à 3000 mètres d’altitude en terre Italienne. Notre crainte de trouver un bivouac déjà plein s’évapore rapidement lorsque nous arrivons. Personne à des kilomètres à la ronde hormis quelques randonneurs venant toucher de la main ce bivouac si étonnant. Repeint en vert pétant par les Italiens il y a quelques années, le bivouac de l’Estelette se trouve plus facilement lorsque les alpinistes basculent au col du même nom. 50 mètres au-dessus du col et bien caché en contre bas de l’arête, certains alpinistes passaient ici sans même l’apercevoir. De plus, il est maintenait très visible depuis en face où se trouve son frère, le bivouac du Petit Mont Blanc.
En fin de journée, 4 autres personnes débarquent ici pour y passer la nuit. La capacité du bivouac étant de 4 places, c’est donc dehors au niveau de l’ancien bivouac que 2 des 4 alpinistes dormirons. Heureusement, la nuit ne fut pas si fraîche que ça!
Le réveil réglé à 3h00 du matin nous sort d’un sommeil profond. La course commence maintenant juste à côté du bivouac à flanc de falaise. Il faut, après avoir suivi l’arête au dessus du bivouac, prendre pied sur le glacier de la Lée Blanche. Le regel est très moyen mais nous permet tout de même de remonter le glacier jusqu’au pied du premier bastion. La nuit noire ne nous permet pas de déterminer avec précision la ligne de faiblesse dans ce bastion. De lointains souvenirs de notre ascension il y a 8 ans avec Renaud nous font tirer à gauche afin de remonter une vague vire jusqu’au fil gauche du bastion. Il faut savoir ruser dans ce vaste labyrinthe. Méfiance à tous les étages tant le rocher est douteux!
Une large cheminée nous permet de passer le second bastion et nous ouvre les portes d’un spectacle hors norme. Le soleil se lève sur l’aiguille Noire de Peuterey.
Les parties neigeuses sur l’arête sont quasi inexistantes et ne posent aucun problème. Nous voilà au pied du troisième et dernier bastion, la clé de la course. 3 longueurs de corde de IV sup nous catapultent au sommet de l’aiguille des Glaciers, 5h30 après avoir décollés du bivouac.
Nous ne traînons pas au sommet car la descente est longue et fastidieuse. Nous avalons l’arête nord de l’aiguille puis sa face ouest qui nous dépose sur son épaule glaciaire. Le glacier des Glaciers commence sérieusement à s’ouvrir. En une quarantaine de minute, nous sommes au pied du glacier à la triste mine. Après 8h00 de concentration ultime, nous pouvons enfin relâcher l’attention et savourer cette longue course à travers une des montagnes les plus sauvages du massif du Mont Blanc.
“Well done” Aurélia pour ta première “grande course” difficile. Maintenant, d’autres projets naissent dans nos petites têtes d’alpinistes!
Photos dans l’ordre chronologique